8 – 18 Tir 1389
Nous voilà de retour, nostalgiques, de ce qui a été la dernière aventure de notre voyage.
Dernière mais mémorable aventure passée à la montagne. Le séjour fut si court que maintenant, de retour chez la famille de Nemat (sans Nemat qui est en Inde), nous avons l'impression d'émerger d'un long rêve intense. Avons nous vraiment vécu 10 jours avec une famille nomade au milieu des moutons? Tout semble si irréel!
Mais c'est pourtant bien vrai. Nemat et Hojat nous ont déposés chez la famille de Hossein Ruzbehi mardi 29 juin, et nous avons alors plongé dans le mode de vie de la famille.
Nous sommes dans un lieu magnifique. Sur le flanc d'une colline au dessus d'une vallée verte où sillonnent les petits ruisseaux des sources canalisées. Au pied de majestueuses montagnes arides où les seuls arbres sont de petits buissons épineux et quelques noyers de plantation. Plus loin, les hauts sommets enneigés percent le ciel toujours bleu. Les journées sont chaudes et ensoleillées et les nuits fraiches et étoilées.
La famille Ruzbehi est composée de 8 personnes. Les parents Hossein et Fariba, et 6 de leurs 8 enfants entre 1 et 19 ans (deux filles sont déjà mariées et vivent donc avec leur mari). Indissociables de la famille: les animaux. Un troupeau d'une cinquantaine de chèvres et moutons, deux ânes, une vache et son veau, quelques poulets et trois chiens.
En guise d'habitat, une grande tente en deux parties (pièce principale et cuisine) faites de petits murets de pierres et de toiles fixées sur des mats de bois et tendues par des cordes. Au sol, comme partout en Iran que ce soit dans les maisons ou les tentes, de grands tapis persans agrémentent la pièce et lui donne un aspect confortable et chaleureux. C'est à même les tapis que la journée nous prenons nos repas, nous buvons le thé, nous discutons, et que la nuit venue, nous sortons les couvertures pour dormir, toute la famille rassemblée. Bien évidement, pas d'électricité ni de toilette ou salle de bain, mais nous avons l'habitude!
Le matin, avant le lever du soleil, les garçons se lèvent pour amener le troupeau dans les collines, puis reviennent se coucher. Nous nous levons tous avec le soleil et entamons la journée de travail.
Celle-ci est relativement tranquille. Ici ce sont les femmes qui ont le plus de travail, les hommes passent beaucoup de temps dans la tente à boire le thé avec famille et amis venus rendre visite.
À part quelques exceptions, le travail des hommes et celui des femmes ne se mélangent pas, bien que le quotidien, repas, nuit et discussions, femmes, hommes et enfants sont rassemblés. Tim et moi n'avons donc pas effectué les mêmes tâches.
Timothée passe plus de temps avec les garçons de la famille. Avec eux il garde les moutons, aide aux travaux des champs (canalisation d'eau, coupe d'herbes...). Mais il est aussi beaucoup avec Hossein et les invités à prendre le thé.
Quand à moi, avec Fariba et les filles, je participe aux tâches ménagères comme le ménage, la cuisine, aller chercher de l'eau au ruisseau, du bois dans la montagne. Je me suis essayée à la traite de la vache et celle des chèvres. J'aide à faire du « naan » (fameux pain en forme de crêpe, prononcer noun), et surtout, chaque matin, je m'occupe seule de la confection du « dugh » (prononcer dour) qui est une boisson à base de yaourt de lait de vache, d'eau, de sel et d'herbes séchées. Pour faire le dugh, le yaourt et l'eau sont agités pendant environ 1 heure chaque matin à l'intérieur d'une peau de chèvre.
Mais tout ce travail est souvent interrompu par de nombreuses pauses pour boire le thé ou pour manger.
Nous mangeons environ 4 fois par jour en raison du petit déjeuner très matinal et du dîner assez tardif. La base de chaque repas est constituée de naan mais nous avons parfois du riz ou des pâtes, tout cela accompagné de fromage, yaourt, kebab (brochettes grillées de poulet, mouton ou chèvre). En boisson, du dugh ou de l'eau du ruisseau. Tout est très bon.
Nous prenons le tchai (thé) un nombre incalculable de fois par jour, car en plus de clore chaque repas, il est servi dès que des amis ou de la famille viennent, ce qui est très courant.
Entre travail, repas et tchai, nous allons nous aussi rendre visite aux tentes voisines abritant les membres de la famille plus ou moins éloignée.
Avec tout cela, nous trouvons aussi toujours du temps pour jouer avec les enfants ou discuter avec les grands. Les enfants, bien qu'ils soient initiés au travail très jeunes, sont très joueurs et rigolards et sont facilement avec nous.
Les conversations entre adultes sont plus compliquées en raison de la barrière linguistique. Personne ne parle anglais ('OK' est presque le seul mot qu'ils connaissent). Heureusement nous avions un petit dictionnaire et appris quelques bases de persan et étrangement, nous sommes parvenus à communiquer, à comprendre et se faire comprendre!
En revanche, en ce qui concerne les contes cela a été plus difficile. Ils ne comprenaient pas vraiment quel genre d'histoires nous recherchions mais après maintes explications et tentatives d'exemples, nous avons finalement enregistré une histoire! Il va nous falloir attendre la traduction pour savoir s'il s'agit bien de ce que nous souhaitions!
Après ces journées bien remplies, les nuits ne sont pas forcément de tout repos. Le troupeau dans son enclos est assez calme, mais les chiens montent bien la garde et ne manquent pas de nous avertir de tout mouvement suspect.
Car ici, notre vieille légende du grand méchant loup dévoreur de mouton prend toute sa réalité. Chaque nuit les loups rodent dans les hauteurs et tentent de s'approcher du troupeau. C'est ainsi qu'une nuit, nous sommes réveillés par l'alerte des chiens et de l'agitation chez les moutons. Le loup a attaqué un mouton et une chèvre mais s'est enfui avant de pouvoir les manger à cause du coup de fusil tiré par Hossein. Mais il était trop tard pour les bêtes. Nous avons donc aidé au dépeçage et à la découpe du mouton à 3h du matin.
Ce sont les aléas de leur vie, et le lendemain, tous les voisins et famille viennent prendre leur part de viande.
Pour finir, nous avons passé un très bon et incroyable séjour avec la famille Ruzbehi. Nous avons pu avoir un bref aperçu de ce qu'est leur vie, du moins pour ce qui est de l'été (car ils vont passer l'hiver au Khuzestan où ils ont une maison et apparemment une toute autre vie).
Cette dernière expérience de notre voyage a été merveilleuse et nous a permis de découvrir quelque chose de complètement différent de ce que nous avions vécu auparavant.
Tout cela n'aurait pas été possible sans l'aide précieuse de Nemat et sa famille, Hojat, Asdoulah, Rahman et toute la famille Ruzbehi: Hossein, Fariba, Leila, Moussa, Soheila, Ouman, Shahla, Fateme et Amir Ali. Nous les remercions tous de tout cœur et souhaitons les revoir bientôt!
Nous allons maintenant partir dans deux ou trois jours en direction de Tabriz au nord de l'Iran, d'où nous nous rendrons en Turquie pour entamer notre voyage de retour de cinq jours de train à travers l'Europe de l'Est, bonne alternative au transsibérien finalement!
Quant à Philéas, il s'est senti si bien dans la tente à boire le thé avec ses nouveaux amis qu'il a décidé de rester là-bas pour toujours!
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Pour la traduction, pas de souci... J'ai un traducteur persan qui vous lit au Beausoleil! Belles aventures de retour.... et à bientôt!
RépondreSupprimerQuelles découvertes et expériences
RépondreSupprimerAprès tous ces temps faits de façons de vivre différents, il va falloir se réadapter.
Dommage pour les contes.... mais narrer votre vie pendant tout ce temps, est-ce que ce ne sera pas aussi un conte pour nous, après avoir été un conte pour vous?
A TABRIZ peut-être irez-vous au parc d'ELGOLI pour prendre un rafraîchissement et éventuellement canoter::::::
Retour à la ville, dur dur.
A bientôt la joie de se revoir après ce voyage en train qui ne sera pas ordinaire, pensons-nous!
Il y aura aussi à dire.
A bientôt.
Bisous
Eh oui tout a une fin... qui n'est souvent qu'un autre début. Bref. Merci pour ces nouvelles.
RépondreSupprimerPhiléas a-t-il été séduit par une petite fille ou par un petit garçon ?
A bientôt sous d'autres latitudes.
Bises